• Colonel Amirouche, Le Lion de la Soummam, chef de la wilaya IIIEn mars 1955, Krim Belkacem avait besoin de se replonger dans les problèmes de sa région (La Kabylie). La mise en place d'un réseau à Alger lui avait demandé beaucoup trop de temps. Son bras droit Ouamrane était maintenant chef de l'Algérois (Après l'Arestation de Rabah Bitat), il avait donc dû donner des responsabilités accrues à certains chefs de zone qui depuis le 1er novembre avaient fait leurs preuves, mais il ne tenait pas à leur laisser la bride sur le cou car leurs caractères étaient loin d'être faciles.

    Au premier rang de ces hommes se détachait Amirouche, un montagnard de vingt-neuf ans, un sac d'os d'un mètre quatre-vingts, sec et noueux, infatigable. Un visage creusé, des yeux marron très écartés. Longtemps il avait porté la barbe, puis l'avait rasée, ne gardant qu'une large moustache. Il avait quitté son village de Tasseft-Ouaguemoune, dans les Ouacif, en plein Djurdjura, pour travailler à Paris où il avait milité dans les rangs du M.T.L.D. Puis, plus préoccupé de problèmes religieux que de politique, il avait rejoint les rangs des Oulémas réformistes. Sa famille était aisée, intellectuelle, on lisait chez les Ait Hamouda -son véritable nom-, mais il n'avait pas poursuivi d'études. Il était simplement lettré, comme on dit dans les fiches de police, et son intelligence lui permettait d'assimiler et d'analyser une situation.

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  • Ferhat AbbasLe 21 juin, la police avait failli arrêter Krim et Ouamrane. on lès avait « loupé » les deux chefs kabyles de quelques secondes, mais avaient pu s'emparer de deux militants qui venaient de les transporter. Ils avaient également arrêté deux agents de liaison, mais surtout avaient trouvé des documents d'une extrême importance qui avaient provoqué l'arrestation d'une quarantaine de personnes plus ou moins compromises avec le F.L.N. L'arrestation la plus importante était celle du Dr. Lamine Debaghine, ancien député à l'Assemblée algérienne et ancien animateur du M.T.L.D. jusqu'au moment où il démissionne. Cette arrestation ne sera pas maintenue très longtemps. En revanche, deux documents avaient retenu l'attention de Jacques Soustelle, un rapport d'activité sur la Kabylie et une lettre de Boudiaf, datée du Caire.

    Après les avoir dépouillés, le gouverneur avait griffonné une note à l'attention d'Eydoux :

    Car Soustelle apprenait par ces documents que Ferhat Abbas et le cheikh Tébessi des Oulemas réformistes étaient en contact avec le F.L.N. ! Il fallait prévenir Paris. Il écrivit la lettre suivante, qu'elle démontre que Soustelle, qui va poursuivre en apparence ses réformes et surtout sa tentative de constituer une troisième force, n'a plus beaucoup d'illusions à se faire sur les « personnalités musulmanes représentatives » qui pourraient jouer le jeu avec lui !

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  • Yacef Saadi, arrestation en SuisseLe Front de libération nationale n'est constitué que de groupuscules disséminés sur tout le territoire en ce mois de Mai 1955, et d'une représentation extérieure qui, au Caire, ne donne aucune nouvelle. Il s'agissait pour Abane d'unifier et d'établir des liaisons entre les différents responsables. Pour l'instant, l'Aurès était privé de chef. Ben Boulaïd était en prison, et son successeur, Chihani Bachir, aux prises avec le gros de l'armée française, ne donnait aucune nouvelle; le Constantinois était muet. Ni Didouche ni ses adjoints Zighout Youssef et Lakhdar Ben Tobbal n'avaient établi la liaison; Ben M'Hidi, le patron de l'Oranais, avait gagné l'extérieur, laissant à Boussouf la direction de la région. Mais pouvait-on appeler cela une région ? Il n'y avait ni hommes ni armes. Trouver des armes c'était le but du voyage de Ben M'Hidi au Caire. Boussouf, d'après les rares nouvelles qu'on en avait, faisait de même au Maroc dans la région de Nador. Seuls l'Algérois et la Kabylie était régulièrement reliés à Alger. En accord avec Krim, Abane décida d'envoyer Yacef au Caire.

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  • Abane RamdaneAprès l'arrestation de Rabah Bitat, Ouamrane, fut chargé de l'Algérois, il avait effectué sa dernière tournée en Kabylie. Il quittait le pays dont il connaissait toutes les montagnes, la moindre vallée, la totalité des responsables, pour créer de toutes pièces une nouvelle région: l'Algérois. Cette dernière tournée était celle des adieux. Ouamrane, second de Krim, devenait le premier dans l'Algérois. Les Kabyles débordaient. Krim, Ouamrane, Abane, tous Kabyles tenaient à eux trois tout le centre de l'Algérie dont ils avaient bien l'intention de faire une zone-pilote de la révolution. Lors de cette dernière tournée, Ouamrane avait rencontré à Igoufaf, près de Michelet, un militant de la première heure, Fernan Hanafi, responsable politico-militaire de Michelet-Fort-National. L'homme était très malade, très affaibli. « Tu vas venir à Alger, ordonna Ouamrane. On va te soigner. Nous en avons maintenant la possibilité. » Les deux hommes se mirent en route, toujours à pied, vers Souk-el-Haad, la station de chemin de fer favorite des clandestins kabyles pour venir sur Alger. Ils descendirent à Hussein-Dey et se rendirent chez l'un de leurs contacts algérois, Ouabri Amar, pour rencontrer Abane.

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  • L'histoire d'une arrestation d'un historique, Rabah Bitat

    Le contact perdu avec Le Caire, Krim et Ouamrane pensaient bien le renouer ce mardi 15 mars. Les deux hommes venaient de débarquer de Kabylie appelés d'urgence par Bitat. Ils avaient pris le train a Palestro comme deux bons paysans qui «descendent» à Alger. Il était d'autant plus facile de passer inaperçu qu'un branle-bas de combat extraordinaire agitait la gare de Palestro : des éléments de tabors s'apprêtaient à partir renforcer le dispositif militaire de l'Aurès.

    Ouamrane était de mauvaise humeur :
    « Nous faire venir à Alger alors qu'on a tant à faire chez nous. Bitat et Abane ne peuvent pas se débrouiller tout seuls ?

    - Il semble qu'une liaison vienne d'arriver du Caire, le calma Krim. Tu te souviens de "Adjudant" -de son vrais nom Belhadj Djelali-. On avait pensé à lui avant le 1er novembre pour commander le Sud.
    - Oui. Je m'en souviens. Mais je me souviens aussi qu'on ne l'a pas fait parce qu'on n'avait pas confiance en lui. Il y a quelque chose de changé ?
    - Oui, il semble... »
    Arrivés à la gare de Hussein-Dey, les deux hommes étaient descendus. Ils avaient gagné Belcourt, puis la boutique d'un laitier dans la haute Casbah où devait se faire le contact avec Bitat.

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