Le Blog de la guerre d'algérie, texte inédit, photos rare, des vidéos et interactions
Ben Tobbal Lakhdar (1923-2010) a une immense admiration pour les qualités humaines de son chef (Zighout Youcef), qui est adoré de ses hommes, et le suit fidèlement. De deux ans son cadet, Ben Tobbal est lui aussi fils de petit paysan. Il a milité dès son adolescence. Dès 1950, il a pris le maquis lors du démantèlement de l'O.S.
Infatigable, il forme des responsables locaux et prépare le déclenchement de l'insurrection du 1er novembre. Il est membre -tout comme son chef- de la réunion des 22 qui décida de l'action armée. Certainement plus intelligent, en tout cas plus au fait des techniques de guérilla que Zighout, Ben Tobbal fait preuve d'un sens de l'organisation remarquable. L'homme est petit, étroit, le visage allongé, creusé, les yeux bridés qui lui vaudront le surnom de «Chinois». Physiquement, ce Constantinois est très asiatique. Il est pourtant né à Mila tout comme son ami Boussouf qui, en l'absence de Ben M'Hidi, préside aux destinées de la région 5 (Oranie).
Très vite responsable important, ce n'est que comme adjoint de Zighout -puis après la mort de celui-ci comme chef de wilaya (nord-constantinois)- qu'il donne la pleine mesure de ses talents d'organisateur et de chef. Intransigeant, intraitable, secret, il ne recule devant rien. C'est un chef de guerre révolutionnaire. Il fait peur. Son physique n'y est pas étranger. En outre les ordres qu'il donne d'une voix pâle, mesurée, presque monocorde, inquiétante comme le physique de l'homme, sont impitoyables. Le regard est froid, le maintien réservé. Il y a du cambodgien, du vietnamien et sourtout du calculateur précis et rigoureux, de l'inhumain comme un homme d'affaires asiatique chez Ben Tobbal. Inlassablement ses yeux épient. Son cerveau travaille sans relâche.
Sans cesse, il observe, juge, pèse. Ensuite il décide, pièces en main, sans recours. Une fois pour toutes.
Pendant toute la révolution, Zighout sera le seul homme à le dompter. Non par la force mais par l'exemple rigoureux qu'il offre et l'affection qu'il porte à son second.
A Philippeville, il sera le principal investigateur des événements du 20 août 1955.