Le Blog de la guerre d'algérie, texte inédit, photos rare, des vidéos et interactions
Responsable dans la région de Sétif, il est arrêté en 1950 à Annaba, où il devait prendre la direction de la wilaya en remplacement de Tayeb Boulahrouf. Impliqué dans l'affaire de l'O.S., il est condamné le 7 mars 1951 par la Cour d'appel d'Alger à six ans de prison, dix ans d'interdiction de séjour et privation des droits civiques, 500 000 F d'amende. Détenu en 1953 à Ensishen dans le Haut-Rhin, dans une lettre publiée par Algérie Libre (n° 67, 20 mai 1953), il relate ses dures conditions de détention et engage une grève de la faim, interrompue de force. Abbane Ramdane est libéré le 19 janvier 1955 de la prison de Maison-Carrée, le directeur de la maison pénitentiaire refusant de l'accepter à cause des grèves qu'il avait organisées. Contacté par Ouamrane, il rejoint le Front de Libération Nationale. Il s'impose très vite, au titre de conseiller politique de la zone algéroise désigné par Krim Belkacem, comme la véritable «tête politique» du Front. Son orientation est celle du ralliement au F.L.N. de toutes les composantes algériennes, à l'exception des messalistes. Il mène à bien le ralliement au Front de I'U.D.M.A, du P.C.A, de certains élus, des Oulémas; met au point la centralisation des liaisons entre les différentes zones à l'intérieur du pays comme avec la délégation extérieure.
L'apogée de son influence coïncide avec le congrès de la Soummam en 1956 où il fait adopter une plate-forme politique et une formule de direction que désapprouvent Ben Bella et Boudiaf. Membre du C.N.R.A. et du C.E.E. en 1956-1957, il sort affaibli et isolé de l'échec de la Bataille d'Alger mais refuse de revenir sur les décisions du congrès de la Soummam (primauté de l'intérieur sur l'extérieur et du politique sur le militaire). Son intransigeance ayant suscité contre lui des haines tenaces, surtout de la part des colonels de l'A.L.N. qu'il accusait d'incapacité et d'arrivisme, vivant alors à Tunis, conduit au Maroc, il est exécuté en décembre 1957. Ce n'est Qu'en mai 1958, que le journal Et Moudjahid annonce la mort d'Abbane Ramdane dans les termes suivants: «Dans la première quinzaine d'avril un violent accrochage entre nos troupes et celles de l'ennemi devait mettre ia compagnie de protection de notre frère Abbane dans l'obligation de participer à l'engagement. Au cours du combat qui dura plusieurs heures, Abbane fut blessé. Tout laissait espérer que ses blessures étaient sans gravité. Entouré de soins vigilants, nous espérions que la constitution robuste d'Abbane finirait par l'emporter. Pendant des semaines nous sommes restés sans nouvelles, persuadés cependant qu'il triompherait encore une fois de l'adversité. Hélas ! une grave hémorragie devait lui être fatale.»
Sources : L'Algérie Libre, n° 67, 20 nui 1953 : «lettre d'un détenu»; Et Moudjahid, n°24, 29 mai 1958: «Abbane Ramdane, mort au champ d'honneur»; biographie in Courtière (II); Ducherain; Hamdani; Harbi (I et II); Lejaoui (I et II); Lever et Droz; Paillât; Vatin.