Le Blog de la guerre d'algérie, texte inédit, photos rare, des vidéos et interactions
Après la capture de Ben Boulaïd, Amor Mestiri en retour de Tunisie, prend les premières mesures provisoires en attendant la venu des trois chefs de l'Aurès qui devant la gravité de la situation ont décidé de faire le voyage ensemble.1
Le marche vers le PC de Galaa commence le 13 février 1955. Vers le 20 février, C'est un Chihani Bachir dans toute sa splendeur, fort de sa qualité de chef des Aurès qu'il convoque les pseudo chefs, Saï, Bouguerre, ainsi que Lazhar Charaiet et ses hommes où il procède à la structuration et à l'organisation de la région.
Si Mohamed Sghir Hlaili garde le souvenir d'un air de fête l'heure de l'intégration officielle des Némamchas aux Aurès, Serge Boumberger lui en a une tout autre version, qui s'avérera plus-juste, tenant compte la suite des évènements.
Effectivement Lazehar Cheriet est un homme dans la quarantaine, un dur trafiquant d'armes à la frontière Tunisio-Algérienne, qui dès 1948 (abandonnant femme, enfants et propriétés) tente de rejoindre le front du combat en Palestine, mais qui sera refoulé à la frontière égyptienne, il rejoindra en 1953 l'armée de Libération Tunisienne où il s'occupera de l'armement, en 1954, il revient sur le territoire algérien et organise un groupe d'une soixantaine d'homme bien armée dans la région de Djebel Labiad où il mène de rudes batailles, notamment celles de Oued Aalak, de Damouss El-Maleh et de Arkou. C'est assis au beau milieu d'une chambre vide que le chef de l'Idara le reçoit, la rencontre est froide, bref et claire, il lui annonce sans aucune explication qu'il lui retire son commandement et qu'il doit rejoindre comme simple combattant le groupe d'Abdelouaheb El-Soufi à Alienas.2
Quand Cheriet ressort la rage au coeur, ses hommes sont déjà routé, répartie par trois dans divers groupes. Adjoul l'escorte à Aliana, avec ordre de le désendre s'il veut s'enfuir.
En ce début du mois de mars 1955 et dans un délai de vingt jours, Chihani réussit à organiser la zone des Némemchas jusqu'à la frontière tunisienne. Il constitue les groupes de partisans et les affecte dans des secteurs géographiques bien définis, sous les commandements de Mestiri, Bedjaoui, Tijani et Sidi Henni, sous le regard approbateurs de ses deux Adjoint Abbes Laghrour et Adjel Adjoul, des mesures sont prise pour le changement officiel du cachet "Zone Aurès" en "Zone Aurès-Nemémchas".3
Il a bien senti, devant l'attitude servile des civils, que la population est terrorisée. Il a noté la peur dans leurs regards et a décidé de faire venir à lui les militants de Tébessa, Chéria, Bekkaria, Elma Labiod, du Kouif, leur tenant le discours suivant.
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Il leur demande de collecter des fonds, du ravitaillement, du renseignement. Le courant passe. En l'espace de quelques semaines, arrivent à Galaa plusieurs quintaux de semoule, de café, du sucre, de l'huile, du lait en boîte, des boîtes de sardines, bref toutes sortes de denrées qu'il s'empresse d'expédier à Kimmel. L'argent, aussi, commence à affluer. Chihani rayonne. Il a réussi à s'imposer, par petites touches. Son ascendant sur ses adjoints, Adjoul et Abbes, lui assure une grande liberté de manoeuvre. De plus, n'étant pas de l'Aurès, il demeure imperméable aux rivalités intertribales.4
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*. La bataille des monts Nementcha (Algérie 1954-1962), Dominique Faral, 2004.