Le Blog de la guerre d'algérie, texte inédit, photos rare, des vidéos et interactions
Les généraux français s'inspirent alors du général italien Graziani charger en 1931 d'étouffer la révolte des Senoussis en Libye et font construire la Ligne Morice à partir de juillet 1957 et qui sera doublé la Ligne Challe en 1959.
Deux lignes barbelée, minée, électrifiée et surveillée en permanence, pour les maquis FLN/ALN, c'est la mort par asphyxie...
En 1957, un gros millier d'armes entrent chaque mois en Algérie, à destination des wilayas de l'intérieur. Ce chiffre tombe à 400 l'année suivante, puis à 200. En 1960, une fois les barrages achevés, il ne passe que 60 armes par mois! car pour passer les barrages dorénavant, les djounouds coupent la ligne électrifiée, traversent le lacis de fils barbelés en creusant dans le sol lorsqu'il n'est pas couvert de mines antipersonnel. En sang, les vêtements lacérés, il leur faut ensuite courir sous une pluie d'obus, se jeter à plat ventre pour échapper aux balles mitraillées par les blindés. Parcourir plusieurs kilomètres en une demi-heure pour s'éloigner du barrage avant d'être encerclés par les forces françaises qui se déploient. S'arrêter, se cacher, lorsque les bombes éclairantes larguées par avion changent la nuit en jour durant cinq longues minutes. Les rares qui en réchappent gagnent la frontière, après plus de seize heures de course. D'après Le FLN.2
Dans un rapport rendu les forces armée françaises compte 4000 rebelles exterminer, 600 prisonniers et 2350 armes saisies, le barrage devient alors synonyme de terreur pour les djounouds.
Faute d'une sous-évaluation des risques et des danger que peuvent avoir les dispositifs français, au niveau politique comme au niveau militaire, les lignes Challe et Morice entraîneront de graves dissensions internes aux FLN/ALN, à l'intérieur comme à l'extérieur.
Alors qu'Ouamrane lance un cri d'alarme, Krim Belkacem -Chef du département de la Guerre- ne prend pas au sérieux les barrages qui sont en cours d'édification en 1957. Au Maroc, les dirigeants de la wilaya 5, qui en 1956 avaient fait arracher les premiers barbelés établis par l'armée française, s'attendaient à ce que la nouvelle ligne soit "similaire à la première. Ils ne savaient pas qu'elle allait présenter un grand danger au moyen de l'électricité, des explosifs et le nombre de fils de fer barbelés, écrit M. Guentari. Ils avaient laissé volontairement l'armée française établir cette ligne afin d'empêcher la population frontalière d'émigrer au Maroc. Pour que l'armée de libération ne manque pas d'approvisionnement, de liaisons et de protection (en Algérie). Le commandement n'avait pas prévu que la zone frontalière allait être zone interdite et que la population serait concentrée dans des endroits étroitement surveillés...".3
Même si le FLN va tenter une multitude de manoeuvres politique (de façade), en déclarant par exemple les zones qui s'étende des barrages barbelée aux frontières tunisiennes et marocaines, des zones libérer, il devra faire face a de sérieux problèmes de défaillance interne...
Des tentions seront enregistrées entre GPRA/EMG stationné en Tunisie d'un côté et les chefs des wilaya de l'intérieur de l'autre, qui du 06 au 12 décembre 1958 tiennent une Réunion inter-wilayas du côté de Collo, au nord-est de Constantine. où il était question d'expliquer aux « responsables embourgeoisés de Tunis et du Caire » qui devait être le « prolongement » de l'intérieur à l'extérieur, ou Amirouche, qui se révélait le plus décidé des chefs de wilaya demander « des comptes au GPRA pour son attentisme, son incurie, son incapacité à résoudre le problème du franchissement du barrage français à la frontière algéro-tunisienne [...] L'intérieur se trouve délaissé, livré à ses propres moyens. Le GPRA pas plus que l'état-major général - qu'il soit de l'Est ou de l'Ouest - ne nous envoie d'armes ni de munitions. Le barrage devient pour nous infranchissable. Et eux, avec leur armée des frontières, ne font rien pour le franchir et nous ravitailler ».
En verra même des Katibas ALN se rendre en bloque à l'ennemi comme le fut le cas d'Ali Hambli, avec ses 150 djounouds, qui se rallie au 3e Régiment de Hussards en mars 1959, il accuse les responsables politiques de vivre dans le luxe alors que les fonceurs de barrage endurent les pires souffrances.
Ou encore, à court d'armes, de munitions et d'argent en 1960, des chefs maquis désemparé entameront même des négociations avec les Français mettant ainsi le GPRA en hors-jeux. On pense à l'affaire "Si Saleh" où des messages échanger entre le chef de l'Algérois et son chef d'état-major relate la détresse et le dégout que subisse les wilayas de l'intérieur « vous ne foutez rien, disait-il. Vous vous prélassez à l'extérieur. Mais méfiez-vous. Les maquis sont las et écœurés. De Gaulle propose la paix des braves, l'égalité complète pour tous. Nous, c'est ce que nous demandons. L'égalité, c'est le but auquel depuis toujours nous aspirons. Si vous ne nous fournissez pas les moyens de faire la guerre nous acceptons cette proposition. On ne peut rien demander d'autre ».4
Face a la situation tragique, le 24 août 1958, Krim prescrit de « mettre tous les moyens pour attaquer les frontières », en novembre 1958, il ordonne une attaque massive des barrages, qui se réduit à l'est à des tirs de mortier, tandis qu'à l'ouest, 1400 hommes dont 800 mousseblines lancent une attaque généralisée entre Sidi Aissa et la mer, en février 1959, un franchissement réussi pour près de 350 hommes.
En novembre et décembre 1959, les opérations Didouche et Amirouche successivement lancées par Krim Belkacem confirment l'imperméabilité des barrages, sur les 2500 soldats d'élite engagés, 800 atteignent le barrage et 15 le franchissent.
Sous la supervision de Boumediene deux « actions généralisées » ont été entrepris dans le but de traverser quelques petits paquets d'hommes et de matériel à travers les lignes Morice et Challe. La première opération a eu lieu entre le 13 mars et 31 mars 1960. Et la seconde entre 15 juillet et 31 juillet 1960.5
Aucune des deux opérations ne se soldera par de résultats satisfaisants. Dans l'opération de Mars l'ALN a perdu une quarantaine d'hommes et seuls quelques individus ont réussi à entrer en Algérie. Les pertes ont été lourdes pendant l'opération de juillet (environ 300 hommes perdu), et non pas un seul rebelle réussi à franchir le barrage arrière (Ligne Challe).
Entre le 1er décembre 1957 et le 28 février 1958, le FLN en Tunisie a reçu de ses fournisseurs étrangers des 18388 armes, dont environ 2700 passeront au-dessus de la frontière tunisienne vers l'Algérie. Durant la même période les forces françaises dans le Constantinois récupéré quelques 1300 armes, soit 1400 armes seulement arriveront à destination.
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