• De l'Égypte aussi découles de mauvaises nouvellesAu mois de juillet 1954, après l'échec des négociations avec le clan Messali et avec le groupe Lahouel, le moral des Six n'était pas au beau fixe. Jusque-là toutes les manœuvres politiques avaient échoué. Comité révolutionnaire d'unité et d'action ! En juillet, le C.R.U.A. pouvait sans difficulté se transformer en C.R.A. Car pour l'unité, ce n'était pas réussi. Le grand rêve de recoller les morceaux du M.T.L.D. et de partir à l'attaque à la tête d'un grand parti fort, solide et soudé ne se réaliserait jamais. Alors faute d'unité qu'il y ait au moins l'action. Et pour l'instant dans ce domaine ce n'était pas brillant non plus. Lamine Debaghine, qui aurait fait une tête d'affiche fort acceptable, avait promis de réfléchir, puis de réfléchir encore, mais les Six sentaient bien que c'était déjà tout réfléchi. Vous rejoindre après, peut-être. Mais pour l'instant le docteur restait dans une prudente expectative.

     Quant a l'aide égyptienne ! Il ne fallait pas compter sur elle. Ben Bella avait expliqué en détail à Boudiaf au Caire et à Didouche, lors de leurs contacts suisses, quels étaient la vie et les « espoirs » de la « Délégation ».

    Tout avait mal commencé pour les Algériens du Caire. Lorsque Ben Bella s'était évadé en compagnie d'Ali Mahsas de la prison de Blida, il avait passé six mois caché dans une famille de militants d'Alger puis avait gagné la métropole, passager clandestin protégé par les matelots arabes du Ville-d'Oran, Il était resté quelques mois à Paris, rue Cadet, dans un petit appartement puis avait gagné Le Caire, d'où la révolution avait chassé Farouk. Là il s'était joint à Khider et à Ait Ahmed, représentants officiels du M.T.L.D. Mais auprès d'Allal-el-Fassi, représentant marocain, et de Salah Ben Youssef, le représentant tunisien accueillis par la Ligue arabe, les Algériens n'avaient pas très « bonne mine ». La Voix du Caire n'avait que sarcasmes pour « l'apathie des Algériens devant le colonialisme ».

    En outre, Ben Bella avait été humilié de ne pouvoir s'exprimer qu'en français puisque l'arabe algérien est très différent de l'arabe littéraire parlé en Egypte. L'exposé de Ben Bella « en français » avait fait scandale devant la Ligue arabe, où il avait expliqué la situation algérienne. On avait tout de même attribué aux Algériens un petit bureau, 32, Abdelkhallek Sarouet au Caire, un petit bureau au 3e étage où Boudiaf était venu faire le point avec Ben Bella. Celui-ci, si ses affaires ne marchaient pas trop bien avec la Ligue, avait noué des relations qui pouvaient être bénéfiques dans l'avenir avec le nouveau maître de l'Egypte, Gamal Abdel Nasser. Mais dans l'avenir seulement. Boudiaf avait ainsi appris la raison pour laquelle le mouvement révolutionnaire « en formation » ne pouvait recevoir l'aide immédiate de l'Egypte. Les services spéciaux du major Fathi Ed-Dib, qui contrôlaient les Nord-Africains du Caire, auraient volontiers fourni armes et subsides si Ben Bella s'était engagé à participer en tant que section algérienne au grand projet nassérien de révolution nord-africaine, groupant la Tunisie, l'Algérie et le Maroc. Mais Ben Bella, Khider, Ait Ahmed savaient les divergences qui ne manqueraient pas de se produire entre les pays du Maghreb, divergences à propos desquelles le « grand frère » Nasser aurait apporté sa médiation. C'était se mettre sous son autorité directe. Ben Bella avait refusé, enveloppant cette décision de tout le « rahat loukoum » nécessaire. Mais les Égyptiens, et surtout Nasser, avaient été piqués par cette fin de non-recevoir.

    « Pas grand-chose peut-être mais tout seuls... » telle était la position des Algériens. Nasser, malgré son dépit, était trop habile pour le montrer et pour rompre avec les Algériens. Il les avait félicités de leur honnêteté et — revenant en apparence sur sa décision — leur avait proposé l'aide égyptienne quand l'insurrection serait déclenchée. Tout ce que pouvaient faire Ben Bella et ses compagnons c'était de « chauffer » les Égyptiens, de tenir Nasser au courant des préparatifs algériens et de se servir du Caire comme plate-forme de lancement « publicitaire » de l'insurrection. Pour l'heure, Ben Bella ne pouvait jouer d'autre rôle que celui de « public relation » de la révolution en marche. L'action ne pouvait venir que d'Algérie, que de l'intérieur.


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  • Arrestation

    Arrestation

    Des suspect se font arrêter par la police peu après l'explosion d'une bombe dans une rue de Constantine.


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  • Maquisard de la wilaya I

    Maquisard de la wilaya I

    Photo inédite, Originaire de Biskra, Si Abdelkader RAIS dis "Baba RAIS", posant fièrement sur son cheval dans les hauteurs des Aurès, entre Biskra et Arris, il mènera sur champs d’honneur de violant combats…


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  • Ben Rabeh Mohamed Zamoum

    Un émissaire des maquis à l'Elysée : l'affaire si salah

     Photographie non datée, sans doute une « photo­souvenir » prise dans le maquis et saisie par les autorités, du commandant en chef Mohamed Zamou, alias Si Salah.

     Si Salah fut le seul responsable de l'ALN à rencontrer le général de Gaulle dans le secret de son bureau élyséen. Cette entrevue du 10 juin 1960 vise à négocier une paix séparée à l'insu du gouvernement provisoire algérien. Les combattants de « l'intérieur »se sentent abandonnés par ce gouvernement, dont les membres sont qualifiés de « moudjahidines de salon » dans un rapport rédigé par le responsable politique de l'Algérois Si Lakhdar.

    Jouant avec habileté des dissensions entre les forces de l'intérieur et de l'extérieur, le général choisit finalement de traiter avec « les politiques » du GPRA.

     L'initiative du commandant de la wilaya 4 déclenche dans le maquis algérois une vague de purges à l'issue desquelles tous les protagonistes de « l'affaire Si Salah » disparaîtront. Convoqué par ses supérieurs du gouvernement provisoire en exil à Tunis, Si Salah n'y parviendra jamais. Il est tué au cours d'une embuscade française le 20 juillet 1961.

     

     


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  • Arris. Novembre 1954

     Arris, Novembre 1954

     Une automitrailleuse patrouille dans une rue d'Arris, le 8 novembre 1954, une semaine après la vague d'attentats qui a secoué tout le territoire algérien. Très tôt le matin, le lundi 1er novembre, un autocar assurant la liaison Biskra-Arris, au cœur du massif de l'Aurès, est attaqué par les combattants du FLN. Le caïd de M'Chounèche, favorable à la présence française, est tué d'une rafale de mitraillette qui atteint également Guy Monnerot, un jeune instituteur français récemment nommé dans la région ; celui-ci devait décéder de ses blessures. Arris fait alors partie de ces petites villes encaissées dans les montagnes de l'Est algérien, pratiquement désertées par l'administration française. Le 1er novembre, après l'attaque de l'autocar, les hommes du FLN ont même réussi à l'encercler pendant plusieurs heures. Puis les renforts sont arrivés, ainsi que de nombreux journalistes, comme celui qui a pris cette photographie.

     

     


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