• Des infermières pour le maquis

    Des infermière pour le maquis

    Farida Petroni, une jeune inférimière algérienne, veuve d'un combattant de l'ALN, lance "un appel à l'aide à tout le monde arabe", le 7 novembre 1958, au Caire.

    Pendent la guerre d'indépendance, les femmes du maquis ne prennent pas les armes mais demeurent cantonnées à leurs rôle traditionnel. Elle s'occupent de cuisine, du linge et des soins aux blessés. En revanche, dans les villes, des "poseuses de bombes" agissent au sein des réseaux FLN.


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  • Lahouel et Massali deux ennemis du même campMerbah, qui a reçu ses instructions de Messali, est en mesure de répondre à Krim. La conversation entre les deux hommes va ressembler au jeu du chat et de la souris. Mais ni l'un ni l'autre veut être la souris. Krim veut amener au C.R.U.A. les messalistes pour qui, malgré tout, il garde encore une vieille tendresse. Messali veut jouer de la corde sentimentale pour, au contraire, rallier Krim et les Kabyles à son M.T.L.D. Et il a des arguments que développe habilement Moulay Merbah.

    Oui, la Kabyiie est une force organisée, une force valable mais pas les autres. Les Boudiaf, les Didouche, les Bitat ne représentent rien. Merbah affirme que Messali est cette fois bien décidé à passer à l'action armée contre la France mais pas avant 1955. Début 1955» précise-t-il. Krim apprend ainsi que Messali est déjà en rapport avec des trafiquants allemands qui sont disposés à parachuter des armes dans le Djurdjura. En outre, El-Zaïm, décidément très actif du fond de sa résidence forcée, est en contact avec Anouar El-Sadate, président du Congrès islamique, et avec Abd el-Krim du Rif, qui ont promis leur aide. Leurs efforts conjugués permettront de déclencher l'action en janvier 1955. Alors, que Krim et ses Kabyles, se joignent à eux. Messali, magnanime, leur ouvre les bras. Et Merbah qui sait l'attachement de Krim et d'Ouamrane pour Messali, précise que l'Unique « accepte » la Kabylie mais ne veut pas entendre parler des autres !

    Krim est stupéfait, il n'avait pas voulu croire jusque-là que le vieux chef était devenu mégalomane, mais il en a devant lui la preuve ! Le Kabyle qui tient le maquis depuis sept ans a compris la manœuvre. « Ce vieux filou veut nous détacher des autres éléments et nous "assimiler" tout crus ! Ni vu ni connu, Krim au garde-à-vous devant le père du nationalisme, El-Hadj, El-Zaïm l'Unique, victorieux. »

    Sa réaction devant Merbah est vive, d'autant plus vive qu'il trouve la ruse un peu grossière. On l'a mésestimé pour employer de si grosses ficelles. Ce ne sont pas encore celles-là qui vont le lier.

    « Notre position est sans détour, dit Krim. Il n'est plus question d'alliances ni d'accord avec tels trafiquants. Le Maroc et la Tunisie sont en pleine action. C'est maintenant le moment le plus favorable. »

    Moulay Merbah ne désarme pas.

    « Es-tu lié définitivement avec le "groupe" ? »

    C'est ainsi que l'on appelle le C.R.U.A. dont le sigle aura servi de programme pour quelques numéros du Patriote clandestin et de point de repère pour les R.G. et le S.L.N.A. du colonel Schoen. Il restera dans l'Histoire sans avoir appartenu au langage courant des nationalistes.

    « Oui, répond Krim, définitivement.

        A quand avez-vous fixé le commencement de l'action ? » Krim a vu le piège. Grossier ! Décidément la tendresse pour un parti est un sentiment dont on devrait se méfier. On en profite. Krim n'avait plus beaucoup d'illusions. Il perd ses dernières. De toute façon, en juillet 1954, rien n'a encore été fixé quant à la date du déclenchement de l'action armée. Il faut que ce soit en 1954, à l'automne. En tout cas avant décembre.

    « Je n'ai pas de renseignements à te fournir sur ce plan, répond-il à Merbah. Nous n'avons rien fixé. Maintenant à toi de déterminer si tu veux que j'organise une rencontre avec le groupe. » Les instructions de Messali, olympiennes, sont très précises. « Le groupe, malgré ta participation, est centraliste, récite Merbah, et les centralis­tes à longueur de temps nous mettent en garde, nous, messalistes, contre une éventuelle action. Tu te fais piéger de ce côté. Méfiez-vous en outre de Messali. Si vous déclenchez une action, il vous dénoncera à l'attention du peuple comme des bandits.

    Merbah garde l'oeil ouvert et sait très bien qu'un déclenchement de révolution auras de graves retombés sur le parti et les cadres devront répondre des comptes, ce qui sera aussi l'avis des centralistes, il citera Abderrahmane Kiouane "Lorsque Boudiaf était interrogé sur l'éventualité ou le peuple pourrait ne pas se joindre à cette action directe, il répondait en substance: ce serait une opération-suicide", un suicide bien-entendue collectifs, qui touchera certainement même les opposés à ce plan insurrectionnel, ce que redouté les cadres du parti, ce qui se traduira par des menaces côté Merbah, des réticences, des hésitations et même du sabotage côté Lahouel par la suite.

        Pourquoi ce refus, ces menaces ? Tu ne veux pas te battre ?

    —   Si, mais rencontrer le groupe c'est rencontrer les centralistes et je m'y refuse. »

    Les querelles internes sont plus importantes pour Messali que la; révolution. Krim rompt le fer.

    « Bien. Ne comptez plus sur nous. Nous sommes décidés. Il n'y a plus d'autre alternative. Adieu. »

    C'est un peu théâtral. Les deux hommes le sentent. Ils se serrent tout de même la main. Les ponts sont rompus avec Messali qui est persuadé que seule « sa » révolution peut réussir puisque « seul » il représente l'idée nationaliste algérienne. Refusant l'alliance avec le C.R.U.A. il vient, en menaçant par personne interposée, de signer son arrêt de mort politique, mort qui sera précédée de bien des luttes, de bien des crimes, de bien des règlements de comptes. Mais  cela ira vite. De la place de Chartres, en ce mois de juillet 1954, à Mélouza, trois ans à peine auront passé...

    Les messalistes ont répondu sans détour aux trois questions. Non seulement ils ne se joignent pas au C.R.U.A., mais ils menacent de s'opposer à son action. Voilà un problème réglé pour le groupe.

    Avec les centralistes, cela va durer plus longtemps. Des contacts  ont été repris par Boudiaf, Ben Boulaïd, Krim et Didouche avec; Lahouel et son état-major Ben Khedda, Bouda et Yazid. Après plusieurs rencontres préliminaires qui ont souvent lieu chez Bouda, Lahouel se déclare pour l'action, l'action immédiate. C'est ! Ben Boulaïd le plus proche des centralistes qui va jouer le rôle tenu par Krim auprès des messalistes. Il connaît les membres du comité central et va les mettre à l'épreuve. Il accepte leur concours à "l'action immédiate" mais veut qu'elle soit confirmée, garantie par une aide financière importante qui servira à acquérir le matériel qui  manque cruellement. Ben Boulaïd avance le chiffre de six millions  -on augmente un peu le chiffre fixé aux premières rencontres-. Lahouel tique mais accepte finalement sous réserve de consulter les autres membres du comité central. Rendez-vous est pris  entre Ben Boulaïd et Lahouel devant la mairie d'Alger, sur le boulevard Carnot.

    Ben Boulaïd est arrivé le premier. Lahouel le rejoint. Il a un paquet sous le bras, enveloppé de papier journal. Pas un gros paquet, remarque Ben Boulaïd. Lahouel est gêné. Il tend le paquet.

    « 500 000, murmure-t-il, je n'ai pas pu faire plus. »

    Ben Boulaïd, ne prend pas le paquet. En quelques phrases bien senties, murmurées à voix basse alors qu'il a envie de hurler, d'engueuler « ce faux jeton » de Lahouel, il repousse l'offre indigne.

    « Cette aumône, cette misère, c'est la preuve que vous n'êtes pas pour l'action... »

    Ben Boulaïd sait maintenant que Lahouel, ainsi qu'il avait fait lors des contacts de Berne, n'a pas eu l'intention de donner plus de 500 000 F. C'est son prix. II n'estime pas devoir se mouiller plus avec le groupe. Lahouel réplique mollement, puis s'en va, son paquet sous le bras.

    Du point de vue opposé, les centralistes sont claires, il n'a jamais était question "d'action armée" mais de "réunifier la base militante en vue d'un congrès unitaire du parti.

    En mars 1954, des responsables du parti (Lahouel, Abdelhamid et Dekhli, ainsi le responsable de l'OS Boudiaf) se réunissent à la médrasa "Errachad", sis 02, place Amar Ali (ex-Rabbin Bloch) à Alger, qui se proposer C.R.U.A. avec un grand "U" comme Unité.

    Pour les centralistes Boudiaf aurait changé de caractère à partir de mai 1954, ayant pris contact avec d'une part, des cadres O.S., et d'autre la Délégation Extérieure du Parti au Caire, d'où désormais le C.R.U.A. préconisera l'action armée immédiate; mauvais présage soit-il d'une répression sur les partisans Messalistes et Centralistes.

    Ben Boulaïd se dirige vers la Casbah où il doit rendre compte à ses compagnons de son entrevue avec Lahouel. Il est ulcéré, dans le même état qu'était Krim après le refus assorti de menaces de Messali. Car au fond de soi, les deux hommes avaient gardé l'espoir de recoller les morceaux du M.T.L.D. grâce à la lutte qu'ils avaient décidé d'entreprendre. Aujourd'hui c'était le constat d'échec. Il ne restait plus que la révolution. Il s'agissait de ne pas la manquer.

    Krim et Boudiaf sont installés devant un thé à la menthe.

    Ben Boulaïd se laisse tomber sur le tabouret inconfortable. « Ils ne se sont pas décidés, dit-il, maintenant on ne doit plus compter que sur nous...

    «Et se méfier de tous », ajoute Boudiaf.


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  • Alger la blanche

    Alger la blanche

    Dans cette photo on peut voir les premièrs éléments de la 20e Division d'afrenterie, débarquent à Alger, le 29 juin 1956.

    Au fond, la façade de l'Algérie des français. C'est impressionnant. C'est massif. C'est sûr. ça donne confiance si ce n'est pas beau.


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  • Entre Arris et Batna, le 30 Novembre 1954

    Les "Rebelles"

    Alors que le reste de l'Algérie est plutôt calme, l'insurection dans le massif de l'Aures, dérigée par Mostefa Ben Boulaid, à la tête de 300 à 400 hommes, donne du fil à retordre aux autorités. Le 30 Novembre, les opérations dite de "maintient de l'ordre" resemble de plus en plus à la guerre.

    Le déploiment lourd et l'encerclement du masif, n'a pas eu les résultats espérés contre des combattans habitués à se fondre dans le paysage.

    On voit sur cette photo datée du 30 Novembre 1954 un groupe de dix-huit "combattants" -selon la légende d'origine-, capturès par les parachutistes entre Batna et Arris, et emmenés dans des véhicules militaire en direction du P.C du général Jean Gilles, pour intérogatoire.

    Les hommes vêtus de la traditionnelle Cachabia et du turban ressemblent à de simples bergers pris au cours d'un "ratissage".


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    Mohamed Lamine Debaghine  Devant l’hésitation de Lahouel et le superbe entêtement de Messali, les chefs du groupe durent se poser la question de représentativité. Si pour l'instant le plus sûr garant de leur sécurité était l'anonymat, le cloisonnement sévère qui assurait le secret de leur mouvement — rares étaient les militants déjà recrutés qui auraient pu donner le nom des dirigeants du C.R.U.A. — il faudrait bien, le jour « J », rompre cet anonymat et livrer un nom à la masse. Et ce nom devait être représentatif, prestigieux. Un nom bien établi, bien connu. Psychologiquement c'était aussi important que le choix des actions qui ouvriraient la rébellion contre l'autorité. Les Six avaient fait le bilan. Boudiaf était le président du C.R.U.A. mais, tout comme ses compagnons, il était inconnu du grand public, de la masse algérienne. Boudiaf, Didouche, Ben M'Hidi, Krim, Bitat, Ben Boulaïd, c'étaient des noms qui figuraient que sur des dossiers de police, ils étaient bien connus des militants de l'ancienne O.S. qui reconnaissaient leur ouvrage, leur volonté, leur détermination, mais les anciens de l'O.S. c'étaient au maximum 3 000 hommes en Algérie !

       Aucun des Six n'avait aux yeux de la masse un nom suffisant, il fallait une tête politique prestigieuse, une tête d'affiche qui fer lit « sérieux » et qui serait sérieuse. Un nom qui impressionnerait autant le peuple que les autorités françaises. Un Ho Chi Minh algérien. Les créateurs du groupe s'aperçurent en les passants en revue que les noms musulmans prestigieux n'abondaient pas dans l'Algérie de 1954. Ferhat Abbas pour eux était un bourgeois que l'on n'avait même pas mis dans la confidence du C.R.U.A. En plus, c'était un vieux politicien, déjà un cheval de retour. Pas un nom révolutionnaire. Messali et Lahouel, on n'en parlait pas. Les communistes ? Pas question de les « mettre dans le coup », on n'oubliait pas qu'en 1945 Thorez, vice-président du Conseil, avait approuvé la répression de Sétif que Liberté, journal du parti, dénonçait les « patriotes », que des Européens du P.C.A. avaient organisé des milices, qui fusillèrent à tour de bras.

      Enfin, tout le monde tomba d'accord sur le nom du docteur Mohamed Lamine Debaghine, ancien membre du comité central, qu'une vie politique mouvementée avait fait connaître de la masse. Et puis un médecin cela faisait bien. Un intellectuel était nécessaire pour donner confiance et les membres du C.R.U.A., s'ils étaient bien décidés à vaincre, manquaient sérieusement de diplômes. Ben Boulaïd, Boudiaf et Krim furent chargés de « sonder » le docteur. Ils prirent le train pour Saint-Arnaud, petite ville après Sétif où Lamine Debaghine avait son cabinet.

       Depuis cinq ans, l'activité politique du docteur Debaghine est en veilleuse. II a repris ses consultations à Saint-Arnaud tout en conservant certains contacts avec le M.T.L.D. dont il a « démissionné » en même temps qu'il en a été « exclu ». C'est un curieux personnage que le docteur Lamine Debaghine. Physiquement d'abord. Une paralysie faciale déforme le visage intelligent et dresse une barrière devant l'interlocuteur. Cette fixité d'une partie du visage crée un malaise et il faut tout l'esprit retors du médecin pour l'effacer. Il y parvient sans mal, il a l'habitude des situations difficiles. Né le 24 janvier 1917, il a trente-sept ans en 1954 et une carrière politique mouvementée. Son père, restaurateur à Cherchell, lui fait faire ses études secondaires. Puis, comme boursier, Lamine Debaghine entreprend des études de médecine. Encore étudiant il découvre le P.P.A. et est séduit par les idées que développe le parti. Il gravit très vite les échelons. Dès octobre 1942 il est président de l'organisation clandestine du parti. Il le restera jusqu'en 1947 après avoir été emprisonné en 1943. Ambitieux, violent, il se sait un chef. Il a réussi ses examens, s'installe à Sétif. Déjà fiché comme un membre du P.P.A., il échappe aux recherches de la police, de l'armée et des milices qui « purgent » le Constantinois après les émeutes de mai 1945. La répression passée et l’amnistie de 1946 décrétée il reparaît au grand jour pour se faire élire au Parlement lors des élections de la même année. Le voilà député. Mais il a déjà décelé au sein du parti M.T.L.D. les germes des dissensions qui éclateront au grand jour quelques années plus tard. Il veut convaincre les militants de la nécessité d'une profonde réforme. Il parcourt l'Algérie mais malgré ses qualités, son ambition, il ne fait pas le poids devant le « verbe magique » de Messali Hadj. Il envoie sa démission de Tunis en même temps que le comité central prononce son exclusion le 1er novembre 1949. Si l'ambitieux médecin n'est pas parvenu à provoquer les révisions profondes dont a besoin le parti nationaliste, il a réussi à se faire un nom et la « démission-exclusion » provoque de forts remous au sein même du M.T.L.D.

      Le docteur Lamine Debaghine au moment où il reprend ses consultations dans son cabinet de Saint-Arnaud est devenu une tête politique estimée. Il est jeune, il a trente-deux ans et il pense qu'une « retraite provisoire » lui sera bénéfique. Il aura un rôle à jouer et pressent la crise qui ne manquera pas d'éclater au M.T.L.D. Entre 1950 et 1954 les Renseignements généraux notent sur sa fiche : « Aucune activité politique. »

      Tel était l'homme à qui Krim, Boudiaf et Ben Boulaïd allaient proposer de prendre la tête du mouvement révolutionnaire. Le docteur Lamine Debaghine reçut les trois visiteurs fort courtoisement. Il les connaissait de réputation et avait même rencontré Krim à quelques reprises, mais il ne s'expliquait pas la visite des trois hommes qui semblaient embarrassés. Il fallait toute la subtilité d'un Boudiaf, la rondeur d'un Krim, la décision d'un Ben Boulaïd pour annoncer à un Lamine Debaghine que l'on avait créé un mouvement révolutionnaire. Que l'on en était déjà au recrutement. Que le petit grandissait vite et que l'on souhaitait vivement qu'il ait un papa pour faire ses débuts dans le monde ! Bref que le docteur reconnaisse un enfant dont il avait ignoré jusqu'à la naissance ! La personnalité même de Lamine Debaghine permettait aux trois hommes de lui révéler immédiatement et les noms et les moyens des participants, sans mystère, sans cachotteries. Qu'il acceptât ou qu'il refusât, le secret serait gardé. La discussion fut longue. On expliqua tout, dans les moindres détails, l'enthousiasme, les difficultés, l'attitude de Messali et de Lahouel, l'« action directe ». Impassible le docteur Lamine Debaghine écouta tout, demanda tous les détails. Les trois envoyés spéciaux reprenaient espoir, le docteur n'avait pas refusé au premier abord. Il voulait tout savoir, tout étudier. Il se fit expliquer le dispositif prévu, surtout pour la Kabylie et l'Aurès, qui seront les fers de lance de la révolution, car leurs populations soutiendront spontanément la révolte. Par nature, par tradition. Ils examinèrent les hommes, leurs convictions, les structures mises en place ou sur le point de l'être. C'est à une véritable autopsie de la future révolution que se livra le « toubib de Saint-Arnaud ». Il n'oublia rien, ni le matériel ni les finances.

     Et il fit la grimace.

     Le bilan était loin d'être positif. Armement : rien ou presque. Finances : presque nulles. Mais des hommes décidés à aller jusqu'au bout.

     Lamine Debaghine réfléchit, puis promit de réfléchir encore. Il ne cachait pas qu'il était réticent. Très réticent même. Il avait compris que tout avait été fait, préparé, presque minuté sans lui et qu'au dernier moment on avait besoin d'une « tête d'affiche ». Favorable au plus profond de lui-même à l'idée d'une révolution armée, son orgueil et son ambition le poussaient à refuser de prendre « le train en marche ».

     « Vous avez pris vos responsabilités, dit-il aux trois hommes, moi, prévenu au dernier moment, je ne peux m'engager. On verra plus tard. » Habile, le docteur ne fermait pas la porte et se servait de la gêne qu'il avait décelée chez ses interlocuteurs pour refuser sans couper les ponts. En fait, il profitera largement de cette porte laissée entrebâillée puisqu'il passera à l'action quelques semaines plus tard, après le déclenchement de la révolution, goûtera de nouveau à la prison française et jouera au sein du F.L.N. un rôle très important.


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